Dates
12.10.2024
09.11.2024 à 10:00
14.12.2024 à 10:00
01.02.2025 à 10:00
15.03.2025 à 10:00
17.05.2025 à 10:00
07.06.2025 à 10:00
Présentation
Des pratiques cliniques aux pratiques sociales : micro-révolutions dans les institutions psychiatriques et éducatives depuis 1945
Un séminaire de Catherine Perret
Depuis 2020, l’exploration de l’histoire des institutions nées de l’expérience de l’Hôpital de Saint-Alban à l’époque de « l’extermination douce des fous » en France a fédéré un collectif de travail sur les devenirs actuels de la psychiatrie critique et plus largement sur la question des institutions de soin aujourd’hui.
Prenant acte de la mise en coupe réglée de ces institutions par les logiques financières et managériales du capitalisme, nous y travaillons en partant de l’émergence de collectifs qui, à l’inverse de ces logiques d’évaluation des coûts, déspécialisent les pratiques de soin et les repensent comme pratiques sociales. Nous avons ainsi reçu au fil des séances un certain nombre de collectifs qui parviennent à faire lieu et lien en inventant des modes de coopération, de circulation et d’inscription qui exploitent les porosités, les limites et les failles des logiques instituées, et, ce faisant, pointent les effets pervers de la naturalisation du lien social opérée par l’Etat social.
Nous poursuivrons cette année le travail entamé l’an passé. L’ambition est de réinscrire les luttes menées au nom de la valeur politique et sociale du soin psychique dans une histoire éclairée par les travaux actuels. Nous continuerons ainsi d’interroger la notion de « micro-révolution » pour pointer la dimension souvent paradoxale de l’événement révolutionnaire, à savoir que pas plus qu’il n’est « un », irréversible, et fondateur, il n’a jamais lieu où l’on croit ni sur le mode majeur que l’on imagine. En témoignent les pratiques de la folie apparues au XXe siècle en bouleversant au passage les relations entre psychiatrie et psychanalyse. L’événement micro-révolutionnaire est la plupart du temps reconnu à contre-temps, et dans l’après-coup. Parce qu’il crée d’autres coordonnées, il se produit dans l’infra-mince, à côté, voire en dépit des idéaux révolutionnaires, en transformant plus ou moins clandestinement la perception que nous avons du lien social.
Pour aborder ces questions, et confronter la difficulté où nous sommes de ré-imaginer nos pratiques sur des bases renouvelées, nous ferons appel à des autrices/auteurs dont les travaux analysent ce qui fait lien, collectif et/ou communauté aujourd’hui, dès lors que perdent leur évidence les idéaux révolutionnaires des générations précédentes, en même temps que les logiques étatiques et patriarcales qui les sous-tendaient, entraînant de ce fait tant la méconnaissance de la condition trans-nationale des citoyens que nous sommes devenus que la reconnaissance des véritables terrains de l’action sociale.